"Mai 68" dans une préfecture de province, Aurillac dans le département du Cantal.

Publié le par Bastide Grégory

 


                                                                       

Mai 1968 à Aurillac, en musique bien entendu !!!!

 

 

« Ils se souviennent au moi de mai d'un sang qui coula rouge et noir, d'une révolution manquée qui faillit renverser l'histoire, moi j me souviens surtout d'ces moutons, effrayés par la liberté s'en allant voter par million pour l'ordre et la sécurité ». C'est en ces termes que le chanteur Renaud évoque dans la célèbre chanson Hexagone son souvenir de « Mai 1968 », un « mai 1968 » ici très parisien. Aussi il me vient à l'idée, à travers la presse de l'époque de tenter de détourner le projecteur vers les révoltés et les conservateurs cantaliens en tentant une brève étude de « mai 1968 » à Aurillac.

Par souci de concision je n'évoque que quelques faits, libre au témoin de l'évènement qui viendrait se perdre sur ce billet de préciser, voir de discuter la teneur de ce billet en commentaire.

 

Nous évoquerons les évènements de mai à travers trois dates de manifestations, deux manifestations ouvrières le 13 et 25 mai 1968 et la manifestation gaulliste du Samedi 1 er Juin 1968.

 

13 mai 1968, 25 mais 1968 : Du tour de chauffe à la lutte finale

 

L'appel à la grève est bien relayé par les sections syndicales cantaliennes. Ainsi pas moins de 8 centrales syndicales présentes dans le département appellent la population à descendre dans la rue. ( Cgt, Cfdt, FO. A noter aussi la forte implication des syndicats enseignants avec l'emblématique S.N.I emmené par Amiral, Snet, Sgen, Snes, Sno, Snet. Il faut compter aussi avec les partis de gauche (S.F.I.O, PCF et PSU) qui appellent à manifester massivement dans la cité Géraldienne. La bourgeoisie Aurillacoise tremble, le drapeau rouge flottera-t-il sur la préfecture cantalienne le 13 au soir ?

Le rendez vous est donné Place de la paix où les principaux leaders syndicaux commencent à gonfler le moral des troupes. Tour à tour interviennent M.Auriac pour la F.E.N, M.Bousquet pour la C.F.D.T, M.Benoit pour la C.G.T et M.Amiral pour le S.N.I.

Je vous propose ici un extrait du discours du leader de la C.G.T qui sonne encore bien dans notre contexte politique actuel : « Vous contestez aux jeunes le droit de se montrer anxieux, alors qu'ils redoutent avec justesse de ne trouver dans le cadre d'une économie capitaliste fondée sur l'exploitation des bras et des cerveaux que de maigres débouchés ».

Cependant, malgré la fougue des jeunes dirigeants syndicaux, il apparaît que cette première grosse journée de mobilisation soit un peu décevante. Au mieux, le Cantal Ouvrier et Paysan donne 1300 manifestants quand la Montagne avance le chiffre de 700.

Pour autant le mouvement de grève s'étend et les jours suivants plusieurs entreprises, tant dans le secteur privé que public se cessent le travail ( Cournil, Lafargue et Compagnie, Caisse primaire de maladie, C.A.F, Les employés municipaux d'Aurillac, PTT, les Hospitaliers, DDE ….........)

La manifestation du 25 mai quant à elle semble plus réussie. Le rendez vous est ici plus matinal et surtout plus symbolique puisque les « sans culottes aurillacois » se donnent rendez vous devant la statue des droits de l'homme à 10 h30. Pour cette journée de mobilisation les lycéens aurillacois organisés au sein des C.A.L ( comités d'actions lycéennes) viennent donner de la voix et rejoignent leurs pères et mères pour battre le pavé Aurillacois. Les slogans sont ici plus politiques alternant entre le « Pompidou démission » et le souhait d'un « gouvernement populaire ». Pour l'occasion plusieurs boutiques baissent le rideau de fer pour montrer leur soutien au mouvement. Il faut noter aussi le soutien des forains de la Saint Urbain.

 

Samedi 01 juin : Le succès du défilé de la réaction

 

En ce samedi 01 juin 1968, Dieu avait encore choisit d'aider les conservateurs en offrant un « soleil magnifique » aux réactionnaires cantaliens pour mener à bien leur marche contre l'émancipation de la classe ouvrière. Le comité de défense de la République présidé par M.François Laparra organise une manifestation dans les rues d'Aurillac. Les principaux hommes politiques qui comptent dans le département sont présents. D'abord les deux parlementaires Chauvet et Sagette, Paul Esbrat ( conseiller général de Saint Flour nord), Monteil, (conseiller général de Condat), Jabiol ( ex conseiller général de Condat et président d'honneur de la commission départementale, ainsi que le docteur Mézard, conseiller général d'Aurillac Sud. Il ne faut pas oublier aussi les deux chevilles ouvrières du parti présidentiel dans le département, Moins (président du comité départemental de l'Union pour la Ve république) et son acolyte Gentet( secrétaire du mouvement gaulliste).

Pèle mêle, voici une sélection des slogans entendus dans le cortège : « La Haute Auvergne avec Pompidou », « La parole est au peuple », « Vive de Gaulle », « Non au Chaos », « Liberté du travail », « Liberté de l'enseignement », « De Gaulle n'est pas seul ».

Le parcours de la manifestation se termine devant le monument aux morts où est entonnée la Marseillaise qui, pour la Dépêche d'Auvergne ( journal gaulliste), « monte vers le ciel et couvre tous les autres bruits de la ville ».

Comme au niveau national, mai 1968 se terminait dans le département par la victoire de deux députés gaullistes aux législatives de Juin Georges Pompidou dans la circonscription de Saint Flour Mauriac et Augustin Chauvet dans celle d' Aurillac.

Publié dans Histoire du Cantal

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article